« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler »
Phèdre, Racine, 1677
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler »
Phèdre, Racine, 1677
Les sens jouent évidemment un rôle majeur dans la rencontre amoureuse, leur influence se repère dans de nombreux textes littéraires.
On trouve l'importance du regard dans la tragédie de Racine, Phèdre, écrite en 1677, soulignée par le champ lexical de la vision, « yeux » et le double emplois de « vis » et « vue » dans le même vers. Chez Stendhal aussi, avec La Chartreuse de Parme, écrit en 1839, et l'expression : "ses traits fin et délicats, et le sourire de mépris qui errait sur ses lèvres faisaient un charmant contraste avec les apparences grossières des gendarmes qui l'entouraient.", le rôle de la vue est illustré, le premier contact entre Fabrice et Clélia est visuel, il est d'une importance capitale dans les événements qui vont suivre, c'est lui qui attire l'attention de Fabrice sur Clélia. Racine et Stendhal décrivent ici une réalité physique aujourd'hui expliquée par la science. Tout d'abord, l'être humain est doué d'une bonne vision grâce à la trichromie (vision en couleurs) qui lui permet d'analyser une cible sexuelle. Inconsciemment se déclenche tout un processus d’analyse visuelle. On examine d'abord la symétrie et la forme du corps, à la recherche de signes de malnutrition mais aussi d'infections ou de blessures qui se manifestent par des imperfections physiques locales. Bien que celles-ci ne gênent pas le fonctionnement du corps, elles témoignent de la capacité du génome à diriger harmonieusement son développement et à défendre le corps contre les agents pathogènes.
Ensuite, l'homme tente de trouver des indices de la fécondité de la femme. Il fait attention aux signes extérieurs de jeunesse tels les lèvres pulpeuses, le tonus musculaire, la brillance des cheveux ou encore la fraîcheur de la peau. Il est également sensible à la largeur des hanches, un indice de fécondité certain. Un rapport entre taille et hanches de 0,7 se remarque spécialement car il témoigne de la fertilité d'une femme et de l'absence de grossesse en cours.
La femme elle, est plus difficile sur le choix de son partenaire, en effet, ne produisant qu'un ovule par mois, son potentiel reproductif est plutôt faible. Elle recherche alors le meilleur géniteur possible, un rapport entre la largeur de la taille et la largeur des épaules de 0,7 assure par exemple à Phèdre qu'Hippolyte bénéficie de la musculature optimale que peut offrir le corps humain. Une mâchoire inférieure bien dessinée est quant à elle signe de virilité, mais si elle est trop carrée, c'est le signe d'un excès de testostérone synonyme d'un fort désir de dominer, la femme se méfie.
En général, que ce soit l'homme ou la femme, on recherche inconsciemment un partenaire du même niveau social.
Le niveau de symétrie d'une personne contribue à notre appréciation de sa beauté. Mais ces critères de beauté ne sont pas tout à fait identiques pour tous les individus, ainsi, dans les expériences de sélection, ceux qui choisissent des visages non symétriques auraient en général une opinion assez médiocre de leur propre charme.
Ensuite, les odeurs jouent un rôle important dans notre évaluation
subconsciente d'un futur partenaire. Leur intervention dans l'attirance
physique choque moins car nous sommes conscients de l'existence de
parfums.
Notre corps crée des odeurs, car les gènes produisent des protéines qui influencent son parfum. Notre odorat est capable de détecter les phéromones et ces molécules d'odeurs. Les molécules odorantes remontent en haut du nez, entrent en contact avec les neurones olfactives qui envoient des informations aux zones du cerveau liées aux émotions et déclenchent des tsunamis hormonaux.
Le nez des amoureux apprécie les similitudes. Notre cerveau peut détecter grâce aux odeurs la meilleure compatibilité génétique sur le plan de la reproduction. L'odeur serait le marqueur de certains gènes et le fait que nous l'aimions ou non traduirait certaines informations utiles dont la constitution du système immunitaire de son porteur, le niveau d'attirance va dépendre de la similitude entre notre système immunitaire et celui de l'éventuel partenaire que nous sommes en train de flairer : plus nos gènes vont ressembler aux siens et moins nous allons trouver attirante l'odeur de sa transpiration, et inversement. Cela s’explique par la nécessité de mélanger le plus possible les gènes du système immunitaire en vue d'assurer la meilleure efficacité des défenses pour les enfants à venir.
L'odeur traduit de plusieurs manières ce qui se passe dans un corps : la transpiration humaine contient des métabolites (= la substance qui se constitue au cours du métabolisme [la transformation, l'utilisation par l'organisme d'une autre substance]), et un cocktail d'hormones et d'enzymes résumant le fonctionnement de notre corps qui peut plaire ou non.
Pour l’instant, les résultats expérimentaux se limitent aux données sur le système immunitaire.
L'odeur de l'autre va s'imprimer au niveau de l'hippocampe, siège de la mémoire et sera définitivement associée à la personne.
Souvent l'ouïe a aussi une fonction dans le coup de foudre, les cordes vocales sont un organe fortement sexué. Chez les hommes, plus le taux de testostérone est élevé plus la voix est grave.
Lors de la rencontre, la voix de l'homme devient inconsciemment plus grave d'un ou deux tons. Ces ondes font vibrer le tympan de la femme qui transmet ces vibrations. Elle sont transformées en courant électrique et active le cerveau des émotions et déclenche le plaisir. La voix devient alors existante et inoubliable.
Chez les femmes, la différence est moins marquée, mais on sait que le timbre de la voix se modifie au cours du cycle menstruel, la qualité de la voix fournit donc des informations sur le stade reproductif de la femme. À l'image de la forme d'un corps, le son de la voix apporte des renseignements sur les taux hormonaux.
Les hormones stéroïdes, qui sont responsables de la qualité de la voix sont aussi impliquées dans les événements liés à la reproduction. Une voix peut donc transmettre des indications sur l'état, le désir, la disponibilité, l'âge, le statut dans la hiérarchie ou encore la fertilité d'un individu.
Notre corps crée des odeurs, car les gènes produisent des protéines qui influencent son parfum. Notre odorat est capable de détecter les phéromones et ces molécules d'odeurs. Les molécules odorantes remontent en haut du nez, entrent en contact avec les neurones olfactives qui envoient des informations aux zones du cerveau liées aux émotions et déclenchent des tsunamis hormonaux.
Le nez des amoureux apprécie les similitudes. Notre cerveau peut détecter grâce aux odeurs la meilleure compatibilité génétique sur le plan de la reproduction. L'odeur serait le marqueur de certains gènes et le fait que nous l'aimions ou non traduirait certaines informations utiles dont la constitution du système immunitaire de son porteur, le niveau d'attirance va dépendre de la similitude entre notre système immunitaire et celui de l'éventuel partenaire que nous sommes en train de flairer : plus nos gènes vont ressembler aux siens et moins nous allons trouver attirante l'odeur de sa transpiration, et inversement. Cela s’explique par la nécessité de mélanger le plus possible les gènes du système immunitaire en vue d'assurer la meilleure efficacité des défenses pour les enfants à venir.
L'odeur traduit de plusieurs manières ce qui se passe dans un corps : la transpiration humaine contient des métabolites (= la substance qui se constitue au cours du métabolisme [la transformation, l'utilisation par l'organisme d'une autre substance]), et un cocktail d'hormones et d'enzymes résumant le fonctionnement de notre corps qui peut plaire ou non.
Pour l’instant, les résultats expérimentaux se limitent aux données sur le système immunitaire.
L'odeur de l'autre va s'imprimer au niveau de l'hippocampe, siège de la mémoire et sera définitivement associée à la personne.
Souvent l'ouïe a aussi une fonction dans le coup de foudre, les cordes vocales sont un organe fortement sexué. Chez les hommes, plus le taux de testostérone est élevé plus la voix est grave.
Lors de la rencontre, la voix de l'homme devient inconsciemment plus grave d'un ou deux tons. Ces ondes font vibrer le tympan de la femme qui transmet ces vibrations. Elle sont transformées en courant électrique et active le cerveau des émotions et déclenche le plaisir. La voix devient alors existante et inoubliable.
Chez les femmes, la différence est moins marquée, mais on sait que le timbre de la voix se modifie au cours du cycle menstruel, la qualité de la voix fournit donc des informations sur le stade reproductif de la femme. À l'image de la forme d'un corps, le son de la voix apporte des renseignements sur les taux hormonaux.
Les hormones stéroïdes, qui sont responsables de la qualité de la voix sont aussi impliquées dans les événements liés à la reproduction. Une voix peut donc transmettre des indications sur l'état, le désir, la disponibilité, l'âge, le statut dans la hiérarchie ou encore la fertilité d'un individu.
Le premier contact physique est d'une importance capitale, aussi quand
Candide « prit innocemment la main » de Cunégonde ou encore quand Chloé
« mit la main droite sur l' épaule » de Colin, ce toucher n'a rien
d'anodin, et le fait même qu'il soit retranscrit dans plusieurs textes démontre son importance. D'ailleurs, Stendhal disait : « Le plus grand bonheur que puisse donner l'amour, c'est le premier serrement de main d'une femme qu'on aime ». Il est le point essentiel au début d'une histoire d'amour. Lorsque Cunégonde touche son cher et tendre, elle active différents types de récepteurs sensoriels au niveau de la peau de la main de ce dernier qui perçoivent les stimuli. L'être humain possède différents types de récepteurs au niveau de la peau, des articulations et des muscles qui l'informent de la qualité du toucher (chaleur, douceur, pression ou encore puissance musculaire et même douleur...).
Les terminaisons nerveuses, comme les corpuscules de Pacini, de Riffini et de Meissner (qui réagissent tous à la pression) ainsi que les terminaisons nerveuses libres (qui elles réagissent à la température et la douleur), transforment les stimuli en influx nerveux. L'ensemble de ces informations sur la durée, la qualité et l'étendue du geste passent alors par un nerf sensitif sous forme de courant électrique avant de remonter à l'aire du toucher du cerveau par la moelle épinière et y être traduit en intentions. C'est à ce moment là que Cunégonde a conscience de la sensation provoquée par le stimulus de départ. |
Ce processus est le même, quel que soit la nature du toucher, mais lors d'un coup de foudre,
l'importance du toucher viendrait de son effet amplificateur sur les
réactions provoquées par les autres sens en assurant la libération de l’ocytocine
dans le cerveau. Celui-ci va ensuite accorder plus de signification
aux signes émis par un partenaire potentiel. Quand on rencontre la
bonne personne, l'ocytocine libérée lors du toucher amplifie les
signaux concernant le corps, la voix, ou le visage de l'autre pour les
rendre excitants et agréables, le circuit de la récompense est mis en
route. D'où l'importance du premier baiser.
Il
a lui aussi un importance capitale dans un coup de foudre, il est la
continuité du premier contact entre les deux amoureux. Les lèvres sont
chargées de récepteurs sensibles au toucher, au mouvement ou au goût,
elles sont de véritables amplificateurs sensoriels. D'un
point de vue scientifique, certains disent que le baiser pourrait
constituer une excellente façon d’appréhender la qualité et la
compatibilité de son partenaire, il présagerait même de la suite à
donner, ou non, à une histoire qui débute. Embrasser fournirait également une occasion de détecter la bonne santé du partenaire. A l’instar de la sueur, la salive échangée lors de ce baiser fournit
toute une base de données biochimiques dont nous sommes capables de
tirer des informations précieuses de manière tout à fait inconsciente.
« Le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout », a écrit
Guy de Maupassant. Un siècle plus tard, la science vient de lui donner
raison.
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